source http://www.institution-rhone-saone.fr/siteirs/c02af.html
6 Les crues historiques 
6.1 Les crue généralisée de référence sur le Rhône : Novembre 1840 et mai 1856 
6.2 Deux fortes crues océaniques  : Novembre 1944 et février 1990 
6.3 La crue cévenole de novembre 1996 
6.4 Les crues récentes de 1993 et 1994 
 
 6.1-Les crue généralisée de référence sur le Rhône : Novembre 1840 et mai 1856 
 

Crue de Novembre 1840

La crue de novembre 1840 est " l'événement météorologique le plus grandiose et le plus déconcertant qui se soit jamais produit dans le bassin du Rhône " (Maurice Pardé). A la différence de l'événement de mai-juin 1856, " la crue de novembre 1840 a été provoquée par une succession (4 au total) d'averses méditerranéennes torrentielles, dont une au moins accompagnée de pluies océaniques diluviennes " (Maurice Pardé). La crue fut très forte en amont de Lyon et exceptionnelle en aval à cause des apports de la Saône. La crue de la Saône de novembre 1840 estimée à prés de 4000 m3/s (période de retour estimée entre 100 et 500 ans) est la plus forte crue connue. A Avignon, la crue de la Durance, supérieure à celle de 1856 fut concomitante avec celle du Rhône. La crue de novembre 1840 constituerait donc la plus forte crue connue en aval d'Avignon. Elle a atteint un niveau à Beaucaire inférieur à celle de mai 1856, dû essentiellement aux nombreuses brèches dans les digues du Gard et de Tarascon.

Crue de mai-juin 1856

Maurice Pardé écrivait dans son ouvrage sur les crues du Rhône que " la crue de mai-juin 1856 fut la plus simple et la plus brutale des crues générales du Rhône. Elle compte parmi les plus terribles cataclysmes qui aient dévasté les rives des fleuves français ". 

Le bassin versant déjà saturé en eau par de fortes pluies tombées en première quinzaine de mai, a reçu du 28 au 30 mai des précipitations exceptionnelles à la fois océanique au nord et méditerranéenne jusqu'à Lyon. Les précipitations tombées en 48h ont dépassés 100 mm sur la grande partie du bassin versant. La période de retour de la crue était centennale sur le Rhône supérieur en amont de Lyon et plus que centennale en aval de Valence. L'importance de la crue en aval de Lyon a été accentuée par la concomitance de la crue de la Saône, environ décennale avec celle du Rhône supérieur et par de fortes crues concomitantes de l'Isère, la Drôme et la Durance. La crue de mai-juin 1856, par sa violence et les dégâts qu'elle a causés constitue sans nul doute la plus grande crue connue faisant référence sur le Rhône.

 
6.2 Deux fortes crues océaniques  : Novembre 1944 et février 1990 

Crue de Novembre 1944

La crue de novembre 1944, si elle ne constitue pas la plus forte crue océanique connue, est néanmoins caractéristique de la formation d'une crue océanique sur le Rhône Supérieur. Les pluies n'ont en effet pas été exceptionnelles, mais elles ont succédé à deux mois fortement pluvieux ayant engendré des débits soutenus avant la crue sur l'ensemble des affluents du Rhône Supérieur, de la Saône et même de l'Isère. La crue fut centennale en amont de la confluence de l'Ain et un peu plus que décennale entre la confluence de l'Ain et Valence. En aval la crue s'atténue progressivement par manque de soutien des affluents méditerranéens.

Crue de février 1990

La crue de février 1990 fut provoquée par une perturbation océanique touchant la partie septentrionale du bassin par le Nord-Ouest. Il s'en suivit de fortes chutes de neige jusqu'à 400 m d'altitude, puis à la faveur d'un redoux important lié à la bascule de vent au Sud-Ouest, des pluies abondantes et une forte fusion nivale. Pendant 48 à 72 heures, des pluies continues et abondantes dépassant 200mm tombent sur les reliefs du Jura et des préalpes. Les crues sont décennales sur l'Arve et le Fier et pratiquement centennale sur l'Ain. Certains affluents secondaires (Valserine, Usses, Séran) ont également eu des crues très importantes. La crue du Rhône fut centennale en amont de l'Ain. Malgré l'importance de la crue sur l'Ain, la crue à Lyon présente une période de retour environ trentennale. Elle continue de s'atténuer en aval : sa période de retour est de 10 ans à Ternay et inférieure à 2 ans à Beaucaire.

 
6.3 La crue cévenole de novembre 1996 

L'épisode pluvieux du 10 au 13 novembre 1996 a été centré sur les rebords orientaux du massif central. Le cumul des précipitations tombées en 4 jours s'élève entre 300 et 400 mm en partie basse des reliefs et dépasse 600 mm sur les sommets (637 mm à Montpezat, 710mm à Mayres). Les pluies ont eu une extension vers le Nord (bassins de la Saône et de l'Ain), mais les débits de crue sur ces affluents n'ont pas été très importants. La crue a par contre été décennale voir légèrement supérieure sur l'Eyrieux et l'Ardèche. Cette dernière fut en concomitance parfaite avec celle du Rhône, aggravant la crue en aval (6100 m3/s à Pont Saint Esprit, période de retour estimée à 20 ans). La crue moyennement soutenue en aval par les apports de la Durance et du Gard, roulait à presque 9000 m3/s à Beaucaire.

 
6.4 Les crues récentes de 1993 et 1994 
 

Les crues récentes de 1993 et 1994

Les crues d'octobre 1993, janvier 1994 et novembre 1994 ont surpris par leur importance et leur proximité dans le temps. Si la crue de novembre 1994 correspond à un événement méditerranéen typique (crue très forte de la Durance, faible crue du Rhône en amont de la confluence), les crues d'octobre 1993 et de janvier 1994 ont intéressé l'ensemble des affluents du Rhône. 

Crue d'octobre 1993

Les précipitations d'abord centrées sur la partie méridionale du bassin se sont ensuite étendues en amont de Lyon, touchant la Saône et le Jura. De ce fait la crue d'octobre 1993 constitue l'exemple type d'un événement méditerranéen extensif provoquant une crue généralisée sur le Rhône. La période de retour de la crue pratiquement décennale en amont de la confluence de l'Isère, est amplifiée très sensiblement en aval par les apports de crues moyennes des principaux affluents méditerranéens (Isère, Drôme, Roubion, Ouvèze, Eyrieux, Ardèche, Durance). Les débits de pointe de la crue sur le Rhône sont respectivement de 6700 m3/s (période de retour 35 ans) à Valence , 7700 m3/s à Vivier (période de retour de 80 ans) et 9800 m3/s à Beaucaire (période de retour 25 ans). 

Crue de Janvier 1994

La crue de janvier 1994 a succédé à des pluies tombant fin décembre début janvier, intéressant la partie amont du bassin versant, puis des pluies méditerranéennes (du 5 au 7 janvier) sur la partie aval. Les précipitations cumulées en 7 jours sont importantes sur les bassins de la Durance et de l'Eyrieux (occurrences respectives : 20 et 5 ans) moins significatives sur le reste du bassin versant. Ces pluies ont provoqué des crues modérées sur le Rhône supérieur, augmentant sensiblement son débit qui était encore très élevé fin décembre. La crue du Rhône un peu supérieure à une crue biennale en aval de la confluence de la Saône, s'est amplifiée progressivement en aval de chaque affluent méditerranéen (Drôme, Durance mais aussi Ardèche et Eyrieux) pour se transformer en une crue redoutable à Beaucaire de période de retour supérieur à 70 ans(débit proche de 11 000 m3/s).