45.978197, 5.843260 voir ce qu'il en est sur cette décharge sauvage.


10 janvier 2005 archive.

à propos de la ZNIEFF du Raffaray, personne ne se bouscule!. C'est vrai que nettoyer une décharge, c'est beaucoup moins glorifiant que bâtir une écluse!. Quant aux riverains du Sud. ils ne votent pas en Haute-Savoie, alors pourquoi s'en soucier!.

Claude RAGON

Président de l'association :" Vivre au Pays de Seyssel "


 

Des photos valent mieux qu'un commentaire... l'eau passe, rince les ordure et va... dans la nappe phréatique que vous buvez, en aval...

Lumière, ombre, et obscurité sur le Haut-Rhône.

Au carrefour de la Haute-Savoie (74), de l'Ain (01) et de la Savoie (73), le pays de Seyssel, situé dans le Haut-Rhône autour des villes de Seyssel - une sur chaque rive du fleuve - est un lieu agréable où il fait bon vivre. Son caractère rural marqué par une activité agricole très vivante et son paysage reconnu en font le charme. Les résidants mais aussi de nombreux touristes apprécient les particularités de la moyenne montagne : pâturages, centre de ski de fond, sentiers de randonnée, faune, flore et géologie.

En outre, ne boudons pas notre plaisir, les produits du terroir valent aussi le détour, en particulier les fromages et la fameuse Roussette.

Enfin, le Rhône apporte une touche supplémentaire, d'autant plus qu'en dépit de sa " domestication " qui confère à son cours un aspect souvent artificiel, il est, pour l'instant épargné par la circulation de bateaux à moteur. La retenue de Motz-Chateaufort qui n'a pas eu, par bonheur, que des aspects négatifs est à l'origine d'un site ornithologique réputé, peuplé de nombreuses espèces que les amateurs d'oiseaux viennent contempler.

En amont et en aval, le Rhône, canalisé par l'homme - et non pas dompté comme celui-ci a trop tendance à le croire - a son lit barré par des ouvrages hydrauliques.

En aval, vers Lyon, on rencontre d'abord le barrage de Chautagne, ensuite celui de Brens (près de Belley) puis celui de Bregnier-Cordon et enfin celui de Sault-Brénaz. Juste avant Lyon il y a encore quelques obstacles à franchir : Cusset et Jonage.

Depuis près d'une décennie se pose la question de la remise en navigabilité totale ou partielle du fleuve entre Lyon et le lac Léman

Pour relier Seyssel, seulement à la banlieue de Lyon, à l'amont de la capitale des Gaules sans pouvoir encore la traverser, il faudrait donc construire pas moins de 4 systèmes d'écluses car certains obstacles nécessiteraient plusieurs ouvrages en série, avec ou non un bassin intermédiaire, étant donné les différences de niveau à franchir.

Quant à établir une liaison entre Seyssel et Genève, certains y songent depuis longtemps mais ce n'est pas pour demain, car en amont il faudrait d'abord franchir le petit barrage de Seyssel, peu de chose à vrai dire, puis, ce qui n'est pas rien, celui de Génissiat haut de 104 m. Nos amis Suisses devront encore attendre pour avoir un débouché sur la Méditerranée.

Les projets qui concernent le Haut-Rhône ont des aspects positifs, très bien mis en lumière mais aussi d'autres, moins reluisants, soigneusement laissés dans l'ombre, sans parler de ceux que l'on cache et qui restent dans l'obscurité.

Côté lumière

Pour l'instant, il serait seulement question d'une liaison Seyssel-Lyon.

A Seyssel " on " - c'est-à-dire certains élus et l'un d'entre eux tout particulièrement - s'agite beaucoup depuis quelques années pour rendre le Haut-Rhône navigable. Officiellement ce serait pour donner une impulsion au tourisme fluvial qui devrait - c'est ce qu'on veut nous faire croire - être à l'origine d'un véritable boom économique de nature à développer Seyssel de façon considérable.

C'est vrai qu'en étant et pour longtemps le terminus nord du Rhône, les villes de Seyssel passeraient moins inaperçues. Par voie de conséquence les élus locaux et notamment le maire côté rive gauche, se retrouveraient propulsés sur la scène médiatique - antichambre de la scène politique. - comme les hommes providentiels qui ont mis Seyssel à portée de la Méditerranée.

Dans une première étape, il s'agirait d'abord de construire l'écluse de Chautagne, dans le cadre d'un projet dit " grand lac ", qui permettrait de relier le lac du Bourget à Seyssel. Son port (cliché 1) - dont les pontons sont en train de couler - pourrait enfin accueillir quelques carènes, à condition qu'elles soient petites. Depuis son inauguration en 1999, il n'a en effet pas vu la moindre barque, hormis celle des pompiers qui y fait des apparitions épisodiques. Même la gratuité n'a pas attiré l'Armada fluviale promise.

Dans un deuxième temps, une autre écluse serait prévue à Brens, en aval de celle de Chautagne, un pas de plus vers la grande bleue..

Ceux qui fantasment imaginent des bateaux croulants de passagers accoster aux quais de Seyssel, point de départ d'excursions vers les sites touristiques de la Haute-Savoie. La ville grouillerait de monde. Elle serait un centre de rayonnement où les entreprises afflueraient, alléchées par un site devenu prestigieux. Le TGV y ferait des arrêts. Les bonnes tables se multiplieraient et il faudrait sans doute réserver des mois à l'avance. Seyssel, banlieue de Genève?.

Les boutiques locales seraient bondées, chacun voulant repartir, qui avec un vase marqué " Seyssel ", qui avec un fromage, qui avec une bouteille. Que dis-je, un tonneau!. Le maire aurait sa statue de bronze devant le port, le bras tendu vers l'aval du fleuve dans un geste auguste et lorsque le modèle paraîtrait en public, la foule se bousculerait pour l'apercevoir et qui sait, peut-être avoir l'honneur de l'effleurer.

Soyons sérieux!. Il est probable que la possibilité de venir à Seyssel en bateau attire du monde, du moins les premières années. Il est possible aussi, que l'activité touristique locale soit - au moins au début - stimulée. Il est certain en tout cas, que les projecteurs médiatiques viendront éclairer les acteurs de ces grands travaux. Ne nous inquiétons pas, ils se placeront eux-mêmes en lumière!. N'ont-ils pas déjà commencé?

Voilà pour le côté clinquant!. Écoutez le chant des sirènes braves gens!. Songez quand même qu'il y aurait peut-être d'autres moyens de développer le pays et que les crédits énormes qui seront engloutis pourraient être utilisés autrement.

Côté ombre

Il n'est pas inutile de préciser que cette navigabilité n'est prévue que pour la seule plaisance, pour le loisir touristique. En aucune manière elle n'est envisagée pour contrebalancer le trafic routier. Une telle éventualité serait de toute façon illusoire mais il fallait le préciser pour que le lecteur ne fasse pas fausse route.

Le maire de Seyssel rive gauche, pour justifier ces travaux grandioses, s'appuie sur une délibération prise par le conseil municipal de la commune demandant à État de rendre le Rhône navigable jusqu'à Seyssel. Un texte qui date de 1894.. Aurons-nous l'audace de faire remarquer qu'en 110 ans les circonstances ont évoluées et que les écluses d'aujourd'hui ne vont certainement pas répondre aux besoins du XIXème siècle...

Sachant que - selon la presse locale, bien informée - la seule première tranche est estimée aujourd'hui à 25 millions d'Euros, ce projet va engloutir des sommes considérables, d'autant plus que les coûts sont toujours réévalués à la hausse, pour la simple raison qu'ils sont systématiquement minimisés, le temps de lancer les travaux. Ensuite, très curieusement des crédits supplémentaires sont débloqués, histoire de terminer ce qui est engagé.. Il est donc bien difficile d'estimer aujourd'hui quel sera le coût total exact. Y a-t-il au moins quelqu'un qui le connaisse?

Sans faire de gros calculs, l'ardoise risque d'être salée avant d'arriver à Lyon.

Et pendant ce temps, nos amis de Camargue, d'Avignon et d'ailleurs en aval, se démènent comme des diables dans un bénitier pour que des travaux de première urgence soient entrepris. Il y a un an, ils étaient sinistrés par milliers et aujourd'hui les décideurs leur disent que les crédits manquent. Résumons!. Pour aménager le Haut-Rhône et permettre à quelques privilégiés de le remonter pour la seule promenade sur quelques km, les finances existent. Par contre, pour mettre en sécurité des milliers de riverains qui étaient inondés il y a quelques mois à peine dans le Bas-Rhône, les caisses sont vides.

Et que l'on ne nous joue surtout pas la symphonie des subventions!. Belle façon de faire croire que les travaux ne coûteront " presque " rien aux contribuables locaux. C'est un procédé assurément malhonnête destiné à bercer les honnêtes gens d'illusions. D'abord parce que les caisses magiques d'où sortent les subventions miracles ne sont remplies ni par les martiens, ni par le Saint Esprit. Ce sont les " contribuables " de Seyssel et d'ailleurs qui de toute façon, de manière plus ou moins directe, centime par centime participent à leur remplissage. Ensuite, si " subventions " il y a, celles-ci peuvent être employées pour réaliser d'autres projets, peut-être plus urgents et plus utiles. Qui a seulement pensé à tout ce qui pourrait être réalisé pour la même somme et qui profiterait à beaucoup plus de monde?

La France serait-elle au diapason mondial selon lequel le Nord serait riche et le Sud pauvre? Y aurait-il des subventions pour le Nord et pas pour le Sud? Puisque le Rhône a été rendu navigable 110 ans après une délibération des élus de Seyssel le demandant, les riverains du Sud devront-ils attendre autant pour que les travaux indispensables soient réalisés?

On pourrait espérer, à l'heure où se construit l'Europe, une certaine solidarité au moins au niveau national, mais force est de constater que c'est la loi du chacun pour soi. A notre tour de dire à ces beaux messieurs qu'ils ne voient pas plus loin que le bout de leur commune ou de leur département.

Seyssel s'est malheureusement déjà illustré pour ses coups d'éclat coûteux. La liaison cycliste Léman-Méditerranée, vous connaissez? Il s'agit d'une voie cyclable le long du Rhône. Avant Seyssel, il n'y a rien. Après non plus mais sur une partie du rivage de la commune il y a une piste bitumée qui a coûté - selon la presse locale - la bagatelle de 478 625? pour 2,7 km. Toujours grâce aux fameuses " subventions " les Seysselans n'auraient pas payé grand-chose.. Là aussi, bien entendu, c'était une opération médiatique. Il fallait coûte que coûte attirer l'attention sur la commune! Une piste bitumée, ce n'est pas désagréable pour les cyclistes, certes, mais cette coûteuse réalisation exclue tous les autres usagers : cavaliers, piétons, promeneurs, etc. Était-ce si urgent? Était-ce vraiment nécessaire? En attendant cela a fait mousser les notables.

Nous qui, pour ne pas être des élus, ne sommes pas dans le secret des Dieux, nous pourrions croire que le trait d'union entre Nord et Sud au sujet du Rhône devrait être justement la CNR. Nous pouvons donc trouver étrange le choix de ses priorités. Mais est-ce la CNR qui décide de ces priorités? Pourquoi différer des travaux de survie nécessaires et urgents au Sud - faute de crédits paraît-il - et entreprendre au Nord des travaux pharaoniques superflus dont l'intérêt immédiat est loin d'être évident? Mystère!.

Du point de vue technique, le seuil de Chautagne, supérieur à 17 m impliquera le passage de deux écluses en série. Dans le meilleur des cas, le temps de franchissement sera de 40 minutes environ. Dans le cas défavorable - qui devrait arriver statistiquement une fois sur deux - il faudra compter le double.

Par ailleurs, la vitesse dans le canal de Savières (entre Rhône et lac du Bourget) qui est - théoriquement - limitée à 6 km/h impliquera des temps de " voyage " très longs entre Seyssel et Aix-les-Bains. De l'ordre de 4 h et autant pour le retour.. Quelle expédition pour venir boire un coup de Roussette au terminus nord!.

Mettons ensuite pudiquement de côté - sous peine d'être traités " d'obscurantistes " - les inconvénients consécutifs à une circulation de bateaux à moteur. mais songeons-y néanmoins. Si à présent, on se préoccupe d'environnement, où allons-nous?

Côté obscurité

Une ZNIEFF est - en principe d'après sa définition - une Zone Naturelle d'Intérêt Écologique Floristique et Faunistique. C'est donc a priori, une zone intéressante dont il serait bon de prendre soin. Or, dans ce beau " Pays de Seyssel ", il existe une ZNIEFF où depuis une quinzaine d'années croupissent des milliers de tonnes d'ordures (clichés 2 à 5). Vous avez bien lu : des milliers de tonnes!.

Il s'agit de l'ancienne décharge officielle du SIVOM (18 communes). Cette ZNIEFF, zone " Naturelle " officiellement repérée pour ses particularités " naturelles " est traversée par un petit cours d'eau : " Le Raffaray " qui se jette dans " Les Usses " qui à son tour grossit le Rhône juste en amont de Seyssel.

Il serait pour le moins décent que cette ZNIEFF du " Raffaray " soit " purgée " de cette décharge. Mais non! D'abord cela coûterait cher paraît-il - tiens, à présent les fonds manquent! - et puis, après tout, puisqu'elle est là depuis 27 ans (12 ans d'exploitation et 15 ans d'abandon) elle peut bien encore attendre. Voilà à peu près ce qu'on nous répond! Et comme aucune délibération n'a encore été prise pour nettoyer la ZNIEFF du Raffaray, il y a lieu d'être inquiet. On ne peut même pas espérer que le nettoyage sera fait dans 110 ans. Pourtant il existe des textes selon lesquels le site d'une installation classée abandonnée doit être réhabilité. Mais, si à présent, on se prend à espérer que les lois soient respectées!.

Comme c'est nous qui avons soulevé ce lièvre, nous sommes devenus la cible des notables locaux - qui n'ont rien fait depuis 15 ans pour rechercher une solution. - et qui tirent sur nous à boulets rouges. Les empêcheurs de polluer en rond ne sont guère appréciés. Les méchants petits canards. C'est nous!.

" Malheur à celui par qui le scandale arrive ".

Pourtant, au gré des pluies et des crues, le contenu de la décharge glisse doucement et si les " gros morceaux " restent accrochés aux arbres et rochers, les " bons jus " de cette montagne d'ordures se déversent dans le Rhône. Mais il paraît - selon la seule, l'unique. analyse d'eau réalisée - qu'il n'y a aucune raison de s'alarmer puisque l'eau serait moins polluée après la décharge. Intéressant!. Pourtant cet amoncellement d'immondices, qui empestent encore après 15 ans, contient de tout : des tonneaux au contenu suspect, des produits divers, des batteries au plomb, des moquettes, des emballages en tous genres, des pièces d'auto. et à un certain endroit, l'eau ressort rouge depuis des années (cliché 6). Dormez tranquilles Camarguais, Seyssel participe aux engrais de vos rizières.

Seyssel nous fait songer à ces sortes de coquettes qui se fardent et se parfument abondamment mais qui négligent de se laver les pieds. En effet, au train où vont les choses, les écluses risquent d'être inaugurées avant même qu'une - éventuelle - décision pour nettoyer la ZNIEFF du " Raffaray " ne soit prise.

A force de s'entraîner à voir loin, les élus finissent par ne plus voir du tout de près.

Conclusion

Développer les voies navigables, y compris jusqu'à Seyssel, après tout, pourquoi pas? Mais à condition que le plus urgent soit réalisé et que ces travaux pharaoniques n'engloutissent pas des crédits qui seraient fort mieux employés ailleurs ou autrement dans l'intérêt collectif. Y a-t-il seulement eu une consultation, à défaut de concertation, de tous les riverains du Rhône?

Mais arrêtons de nous torturer les méninges en cherchant la logique là où elle n'a pas toujours sa place. Il s'agit ici d'une opération marketing dont les vues politiques sont claires. Un coup d'éclat qui placera en avant les artisans de ce projet. Kéops a eu sa pyramide, Louis XIV son Versailles, Maginot sa ligne. alors à qui l'écluse de Chautagne? Le premier était pharaon, le second roi et le troisième ministre. Quelle est la distinction visée cette fois?

Pourtant, à propos de la ZNIEFF du Raffaray, personne ne se bouscule!. C'est vrai que nettoyer une décharge, c'est beaucoup moins glorifiant que bâtir une écluse!. Quant aux riverains du Sud. ils ne votent pas en Haute-Savoie, alors pourquoi s'en soucier!.

Claude RAGON

Président de l'association :" Vivre au Pays de Seyssel "


 

Le port de Seyssel succès touristique?


Image
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Seyssel août 2012


En fait il y a presque pas de traffic: il faut au moins 150CV pour passer de Lavours au canal de Chautagne (sinon le courant est trop fort), les bateaux râclent le fond, en 2016 ça ne semble pas encore fonctionner.

À l'heure de la transition énergétique, autant il est intéressant de recourir au transport de grain par péniche pour éviter des camions (consommation moindre), autant le tourisme fluvial des particuliers est une horreur (1 litre par km+ nuisances sonores, + batillage, pour quelques particuliers en hors bord).