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Quel tourisme immaginer pour le vieux rhône...

Résumé: Le rhône, mal aimé, ignoré, dédaigné par la population n'a pas eu de défenseurs lors de son aménagement, ce qui explique les choix techniques retenus, en particulier des débits trop faibles et la destruction de presque toutes les lônes...
Ce qui reste gagne à être connu, Mais attention, connu veut dire tourisme. Prenons garde dès maintenant à ce que le tourisme, au cas ou il concerne le rhône, reste léger, discret et sans introduction de moteurs ou d'amménagements artificiels.

Posons la problématique.

Pas de tourisme: le Rhône reste sauvage, tranquille mais hélas méconnu et vulnérable à un tourisme sauvage et dégradant (motos cross, et quatre quatre dans les lônes assèchées). Dans le contexte actuel, le rhône a jamais été aimé de la population, ignoré, tout juste bon à servir d'égoût. Parmi cette population de rares exceptions: les pêcheurs, mais même maintenant, ils ne font pas le poid.
Le Rhône d'antan, fascinant faisait peur, le spectacle était même terrifiant, d'où  la crainte de la population. On n'allait près du rhône qu'avec crainte de tomber un jour dedans un jour (ce qui signifie mort certaine si l'on ne sais pas nager), pour se débarraser des déchets (bétail crevé et poubelles).

"si t'es pas sage, tu va voir, je te jetterais au rhône"  était la version locale du "si t'es polisson, l'ogre viendra de chercher cette nuit", ou un truc comme ça, en tout cas ça faisait encore plus d'effet, car le rhône, il était bien réel...

Le cas des mafatais ou Cilaosiens de l'île de la Réunion qui meurent sans jamais avoir vu la mer pourtant à seulement 5 heures de marche est ettonnant, mais est véridique le cas du "Françoué" par exemple, qui habitait à 300 mètre du rhône (sur la carte à jn25vshi36) , et qui n'a jamais vu, de sa vie longue de plus de 80 ans la berge du rhône (en fait un réseau de lônes et de forêt alluvialle) bordant sa propriété est encore plus étrange.. pourtant c'était ainsi, le rhône, on ne le voyait que des ponts, ou par accident, lorsque les vaches allaient s'enliser dans les marais le bordant... Le Rhône, on le boudait!

Puis pourquoi aller sur le pont? le pont en effet était l'accès à l'étranger, la frontière, on dit que on s'y battait il n'y a pas 100 ans. Même de nos jours cette frontière entre des deux départements est une réalité quotidienne, aussi présente que pour un pays étranger... Pratiquement personne dans l'Ain connait des Savoyards et il y a une certaines animosité entre les deux pays, et vice versa, sauf evidemment pour les nouveaux venus et certains jeunes (et encore!), mais pas chez ceux qui sont issu des familles bien ancrés dans le pays... Traversez le rhône, et par exemple, vous contaterez que les gens ignorent presque le nom des villages et hameaux, ou autres personnalitées locales très connues qui sont de l'autre coté de la frontière! Un commerçant Aindien installé en savoie par exemple sera systématiquement boycotté, et ne pourra compter que sur les tournées en camions (dans son pays!) et les gens de passages (ça c'est actuellement!). L'ain et la savoie n'était pas près de défendre un patrimoine commun, en immaginant qu'ils en aient pris conscience..., même maintenant d'ailleurs... La CNR en a profité, il était temps: on n'immaginerait pas qu'une chose pareille se fasse aujourd'hui: C'était en 1980 ou jamais...

Ce contexte (des années 1960-1980) explique pourquoi, avec tant de facilité la Compagnie Nationale du Rhône ait pu détruire sans déclencher une révolte, comme à la pointe du raz, ou la Loire par exemple, ce qui fut le dernier fleuve à tresses de l'hémisphère nord, un lieu incroyable, disparu, sans laisser même de photos, ou mêmes quelques écrits... Ça "a gueulé", mais trop tard, l'aménagement de Brégnier cordon montre que l'on pouvait sans détruire autant en tirer un profit presque équivalent (il y reste en effet de véritable lônes). il y passe en effet un tiers du débit original. Une légère perte de champs cultivés (équivalente à 10 km d'autoroute en tracant le canal environ 200à 500 m sur l'ouest), et un débit de 30% du débit original aurait pu  sauver pratiquement toutes les îles et lône entre chanaz et Massignieux, en ne perdant que 1% de la production d'électricité du Rhône.

La méconnaissance du Rhône lui a valu sa mort... Le fleuve puissant n'est plus.

Il reste les reliques... des flaques fragiles, des reculées, et une maigre rivière... le tout reste magnifique, bien que dans un espace très restreint, très très restreint,
Elle gagneront à être connues pour être mieux respectées...
Si comme la Compagnie du rhône précise "c'est une zone à potentiel social faible", cela sous entend que ces reliques, aussi intéressantes quelles soient, ne sont pas une préoccupation (loin de là!) pour la population et le tourisme local...
Un peu de tourisme ne ferait pas de mal: si plus de gens aimeraient le vieux rhone, plus de gens le défendraient, il serait mieux respecté... Je pense que la conséquence immédiate de cette "mise en valeur" morale serait enfin la hausse des débits, une logique plus compatible avec la nature (fin des débits calibrés surtout l'été)... et une protection des lieux menacées de dégradation par ignorance (par exemple la lône partiellement bouchée par des travaux avec des décharges de gravats)... etc

Mais quel tourisme?

Les reliques du rhône sont en effet fragiles,
Hors question d'accepter l'intrusion de tourisme à moteur. Amménager des accès proches pour les voitures entre dans cette catégorie. Si des voitures se posent un peu de partout près du Rhône, on ne manquera pas de trouver les déchets de pic nique, de voir la musique de la nature troublée par les radios de la voiture, comme c'est le cas au bord du lac de Barterand (dit lac de St-Champs)...  Les vestiges du rhône méritent un peu d'humilité et de respect, qui ne peuvent s'acquérir qu'en faisant, ne serait ce que 300 mètres à pied...

Il y a des zones de non pénétration humaine qui supporteraient très mal l'intrusion de groupes de personnes avec des enfants et des chiens sortants des sentiers, là est le danger de la restauration des lônes qui ouvrent des voies d'accès. Une zone de quiétude troublée par des passage de gens avec des chins surtout n'est plus viable pour beaucoup d'animaux. un dérangement de temps en temps est suffisant.

On Pourrait immaginer une passerelle de visite des îles du rhône, conçue de manière à ce que les gens ne sortent pas du circuit, ainsi comme à Lavours la "sécurité" des animaux seraient préservée. Mais comment faire comprendre aux gens de ne pas s'habiller en rouge ou bleu, et de ne pas continuellement parler avec tonitruance et ricanner bruyamment en groupe?, Ce genre d'amménagement ne devra donc pas être construit n'importe où et à la légère...
Organiser des descentes en kayak est aussi une solution, bien sur il faudra se garder de tomber dans l'excès. Je ne pense pas qu'on puisse arriver au cauchemar de l'ardèche, mais il faut y penser avant, pas après.
les kayak respectent en principe le territoire terrestre, si on ne débarque pas n'importe où n'importe comment, les animaux sont tranquille. le danger est que la rasette construit de véritables terrains d'atterissage vastes, sans caches.

On constate aussi, actuellement des "erreurs", Une de ces erreurs est l'aménagement des berges de Lucey (en fait un débrouisaillement abusif "pour que ça fasse propre), au sud du pont, pour permettre aux promeneurs la vue de l'eau depuis le chemin. Résultat, les brouissailles ont été coupées, et l'érosion attaque désormais ces berges, que l'on rafistole en déversant du tout venant... L'aspect sauvage est de plus dégradé, et les refuges pour la faune supprimés.
Le rhône actuel est en effet fragile et ne suppporterais pas sans dégradations une forte population de tourisme, en particulier dans la lônes des luisettes ou toutes les lônes alimentées par des eaux d'infiltration: un écosystème délicat nouveau, et remarquable s'y est crée, basé sur une très grande transparence des eaux et des gradients de températures entre les couches d'eau froides et celles soumises au soleil... Une seule personne par jour y piétinant et y brassant, et c'est pratiquement détruit. Cette fragilité rapelle la fine faune (araignées de flaques, larves et vers accrochés sur les cailloux, dytiques dans les flaques...) qui se logeait dans le Bras Rouge à l'île de la Réunion, que du simple canyonning a détruit totalement vers 1997, simplement par ce que tous les jours, entre dix et 20 personnes venaient sauter dedans, et piétiner l'habitat de cette faune inconnue sans même en estimer l'existence et encore moins la valeur, avec des chaussures à semelles armée l'eau, après leur passage mettait 5 heures à redevenir claire, et on n'y voyait plus les vers, les dytiques, les libéllulles et les areignées-paille... ,dur a immaginer quand l'on pense aux torrent de boues des cyclones, comment la faune du bras Rouge puisse résister, alors que le simple fait de marcher dedans y abime, Mais les cyclones, c'est quelques jours par an... Les touristes piétineurs, c'est plus d'une centaine de jours par an... Jamais, si je ne l'avais pas vu moi même, j'aurait pu immaginer que du canyonning puisse faire tant de dégats... Et je comprend entièrement le risque que courrent les ravines dans les pyrénées si cette activité sy organise.

 Pour certaines lônes du rhône c'est pareil! Par exemple pour la lône qui connait quelques jours par an de crues boueuses. C'est oublier le coté ponctuel de ces dérangements. L'invasion touristique, elle ne laisse pas de répit durant plusieurs mois, et un peu de brassage tous les jours a des conséquences autrement plus néfastes que un gros brassage annuel. Ainsi je me garde de passer dans la lône des luisettes tous les jours, je limite les passages à une fois par semaine, sinon ça serait peut être la fin du triton alpestre et des créssonières pour cette lône, et encore je passe avec précaution et si possible sans descendre du kayak (ce qui évite de piétiner).
Le tourisme enviseageable pour le rhône, est donc un tourisme léger, ponctuel dans le temps, et silencieux... Pour arriver à cette exigence le mieux serait des visites avec guide, d'autant plus que sans guide, la plupart des phénomènes et des particularité du Rhône passseront totalement inaperçues à des non-initiés...